L'ORANGE MÉCANIQUE
Alexander DeLarge, 14 ans, alias Alex (Malcolm MacDowell) est le chef d'un groupe de quatre droogs (Dim, Pete, Georgie, et lui, Alex) (droogs = potes, amis, complices, etc.).

L'histoire commence au Korova MilkBar (bar à lait [sic !]), où nos quatre amis boivent du moloko plus (lait enrichi), moloko vellocet (lait "speedant"), moloko dencrom (lait à l'acide), bref consomment beaucoup de drogues qui aiguisent les sens et excitent leurs consommateurs. Une fois rassasiés, ils sortent du bar et commencent leur nuit "ultra-violente". Leur première victime est un vieux clochard qui chante des folk-songs irlandais. Ils le frappent violemment en riant. Ils se retrouvent ensuite face à la bande de Billy "Goat" Billy Boy (Billy la chèvre), dans un théâtre désaffecté. Une splendide bagarre s'ensuit, au cours de laquelle nos quatre amis ont raison des cinq droogs de la bande à Billy. L'arrivée de la police met fin à leurs "ébats", et on les retrouve dans une voiture volée (Durango rouge), en direction d'un lieu indéterminé. Ils s'arrêtent finalement dans la campagne, aux abords d'une maison qui s'appelle "HOME" ("what a gloopy name !").

Prétextant un accident de voiture, ils s'introduisent dans la maison, masqués comme au carnaval. Ils violent la femme de l'écrivain (Mr Alexander, on notera le parallèle avec le prénom d'Alex) sous les yeux de ce dernier, et le frappent, lui, le laissant à terre, tout en chantant "Singing in the rain" (on apprendra par la suite que la femme est morte des suites de ce viol, et qu'Alexander est demeuré paralysé).

A NOTER :

Orange Mécanique est adapté d'un livre d'ANTHONY BURGESS, "Clockwork Orange" (et non pas "A Clockwork Orange", titre du film de Kubrick), livre qui est plus ou moins parsemé d'anecdotes autobiographiques, dont la douloureuse suivante : la femme d'Anthony Burgess avait été violée par une bande de voyous, et c'est à la suite de ce pénible incident qu'il avait entrepris la rédaction de son livre. (Anecdote pas drôle du tout, mais qui mérite d'être citée).

Les quatre droogs retournent au Korova, afin de finir leur nuit, et c'est là que se produit l'incident qui donnera lieu à l'évolution des événements : Une cantatrice est au Korova, assise près des droogs, et chante a capella un passage de la neuvième symphonie de Ludvig Van Beethoven (that dear Ludvig Van...). Alex (qui voue un culte à Ludvig van) sent tous les poils de son corps se hérisser, comme parcouru par une foule de petits lézards. Mais son droog DIM, le plus stupide, le plus inculte des quatre, ne peut s'empêcher de se moquer. Alex lui administre donc un terrible coup de canne. La querelle est lancée. Chacun rentre chez soi, et Alex écoute un passage de la Neuvième de Ludvig van, pour finir sa nuit en beauté.

Le lendemain matin, sa mère vient le réveiller avant de partir à l'usine. Il prétexte une migraine et reste au lit jusqu'au départ de ses parents. Il se lève finalement et tombe nez à nez avec P.R. DELTOïD, le médecin chargé de le suivre, de le surveiller dans son développement social et psychologique. Deltoïd, personnage complètement pervers et surtout démuni face à Alex, lui "sert" un petit discours moralisant qui se termine par un uppercut aux testicules. Alex arrive finalement à s'en débarrasser et on le retrouve dans un magasin de disques. Il croise deux jeunes filles (12 et 13 ans dans l'oeuvre de Burgess, plus âgées dans le film de Kubrick !), les ramène chez lui, et couche avec les deux, en accéléré (sur l'ouverture de "La Pie Voleuse" de Rossini, revue et accélérée par Walter Carlos). Une fois ses frasques abouties, il descend de son appartement, et découvre ses trois droogs dans le hall.

Vexés par l'altercation de la veille, les trois droogs ont décidé qu'il n'était plus le chef, qu'il était temps de passer à quelque chose de plus conséquent (big big money). Georgie est donc le nouveau chef. Alex ne dit rien, mais en chemin vers le bar, il se jette sur ses amis, avec l'intention de leur faire comprendre qui est le véritable chef. Il frappe Dim, le pousse dans l'eau, lui entaille la main avec le couteau caché dans le manche de sa canne, frappe aussi Georgie dans le ventre, et le pousse à l'eau (à noter, seul Pete, qui reste tout le long du film en retrait, n'aura pas à souffrir de cela). Alex pense alors avoir réglé la situation et nos quatre amis se retrouvent dans un bar, où Georgie explique son plan. Il s'agit d'agresser, de nuit, la "femme aux chats", une vieille "folle", qui tient un centre de yoga-relaxation, actuellement fermé pour cause de vacances. Alex accepte le plan et dirige les opérations.

Arrivés chez la femme aux chats, Alex utilise le même prétexte que chez l'écrivain pour tenter d'entrer. Mais la femme aux chats a eu vent de l'affaire et refuse d'ouvrir. Tandis qu'elle appelle la police, Alex entre dans la maison. Il rejoint la femme dans la pièce principale, et après une violente altercation, il la tue finalement avec une sculpture en plâtre représentant un phallus. La police arrive sur ces entrefaits, et au moment où Alex sort de la maison en criant à ses amis de s'enfuir, ceux-ci lui "éclatent" une bouteille de lait (Milk !!!) au visage et le laissent au sol, aveuglé.

Alex est donc capturé par la police, frappé (par les policiers, par Deltoïd) et finalement enfermé au pénitencier, sous le matricule de 665321. On le retrouve deux ans après. Il est devenu le protégé du prêtre de la prison, à qui il fait croire qu'il apprécie la Bible pour la force de la vertu qu'elle dégage, alors qu'il se contente d'y trouver matière à alimenter ses fantasmes sadiques (Supplice du Christ où il est le tortionnaire, combats entre Hébreux et Chrétiens où, chrétien, il égorge à tour de bras, etc.). C'est à ce moment qu'il apprend l'existence du traitement LUDOVICO (à noter : le parallèle Ludovico/Ludwig van), un traitement qui promet aux détenus de sortir de prison et de ne plus jamais y retourner. Les autorités administratives du pénitencier acceptent qu'Alex serve de cobaye.

LE TRAITEMENT LUDOVICO

Alex reçoit chaque jour, plusieurs fois par jour, des injections d'un produit de type "sérum de vérité" qui a pour effet d'ouvrir ses défenses sensorielles, et d'amplifier toutes ses réactions émotionnelles. Une fois le produit diffusé dans le corps, Alex est attaché à un fauteuil de cinéma, sans la moindre possibilité de bouger, tourner la tête, ou même de fermer les yeux. Il est alors contraint de regarder des films violents (bagarres, viols, meurtres, etc.). Il apprécie plus ou moins le spectacle au début, mais peu à peu, conditionné et soumis aux effets de la drogue, il commence à ressentir un léger malaise, qui va en s'accentuant. Le jour où les médecins associent à des films sur l'horreur nazie une musique de Ludwig Van, ils atteignent finalement la fibre profonde d'Alex (au niveau le plus cru du paradoxe qui l'habite : très cultivé et fin amateur de musique classique, mais par ailleurs bête sanguinaire prête à tuer par jeu) et cela finit de le conditionner. Alex ne peut plus être violent : Son penchant pour la violence est physiquement anéanti par son goût pour la musique classique (pour l'art), de même que la simple écoute d'une mesure de Beethoven lui est interdite par les haut-le-coeur qui ne manquent pas de le secouer, en réaction au conditionnement. Les tests auxquels il est soumis devant public prouvent qu'Alex est devenu incapable de violence, ou de sexualité, quoique l'envie soit toujours présente, mais un simple début de passage à l'acte lui retourne les tripes et l'empêche totalement de satisfaire son désir. Alex est donc relâché.

APRES LE TRAITEMENT LUDOVICO

Alex va passer en sens inverse des étapes déjà franchies précédemment. Il retourne chez lui, pour trouver dans sa chambre un inconnu, fils plus ou moins adoptif de ses parents, qui ont trouvé en lui le bon fils qu'ils n'avaient pas, fils qui travaille (au lieu de tuer) et qui rapporte de l'argent au foyer (au lieu d'en voler). Alex a donc perdu sa famille et décide d'aller se jeter dans le fleuve. Alors qu'il contemple le fleuve, le coeur lourd et près à se jeter, il est interpellé par un clochard qui n'est autre que la toute première victime du film. Le clochard le reconnaît et se jette sur lui avec tous ses amis, le frappant, le griffant, lui volant le reste de ses affaires. Alex sera débarrassé de ses agresseurs par deux policiers qui ne sont autres que ... DIM et BILLY BOY. Les deux anciens ennemis, récupérés par l'état, et devenus collègues de travail, emmènent Alex dans la campagne, et le frappent à coups de matraque, tandis qu'il a la tête sous l'eau, dans un abreuvoir. Ils le laissent là, sonné, trempé, le nez en sang. Alex se traîne jusqu'à une maison isolée, dans laquelle il s'écroule. Cette maison est celle de l'écrivain dont ses amis et lui avaient autrefois violé l'épouse. L'écrivain, paralysé, vit maintenant avec une gigantesque brute. Il ne reconnaît pas Alex puisque celui-ci était jadis masqué. Mais Alex, une fois plongé dans un bain réparateur, s'endort vaguement en chantonnant "Singing in the rain". L'écrivain le reconnaît aussitôt et "craque". Aidé par quelques amis de la même mouvance politique que lui (de vagues révolutionnaires), il enferme Alex et le torture en le forçant à écouter du Beethoven (qu'Alex lui a avoué ne plus supporter). Alex n'a d'autre choix que de se jeter par la fenêtre pour en finir. On retrouve Alex plâtré des pieds à la tête, dans un hôpital. Le ministre vient le voir (le même qui avait contribué à le soumettre au traitement Ludovico) et le remercie de ce qu'il a fait pour aider l'état à se débarrasser du dangereux groupe d'activistes dirigé par l'écrivain. Alors que le ministre nourrit un Alex narquois, à la petite cuillère, on comprend qu'il est guéri, que ses activités vont pouvoir redémarrer. On assiste même à certains des fantasmes qui lui passent par la tête (on le voit violer une jeune femme, dans la neige, applaudi en choeur par des bons anglais de l'aristocratie).


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